Pour 430 millions de dollars de plus (ou de moins…) !

Tiffany et LVMH, la saga du prix continue

Par Dominique Jacquet

 

Le cours du titre Tiffany s’est bien aligné sur ce qui semble être la fin de l’histoire, à savoir un rachat de la fameuse boite bleue par LVMH pour $131.5 par action au lieu des $135 initialement prévus.

 

Cette révision à la baisse est consécutive à un début de bataille juridique, LVMH invoquant le gouvernement français et les modifications de l’environnement, Tiffany arguant du fait que LVMH ne respectait pas ses engagements.

 

La Cour du Delaware avait annoncé l’ouverture du procès le 5 janvier 2021 permettant ainsi aux deux parties de renouer le dialogue, partant du principe bien connu « un mauvais accord vaut mieux etc. ».

 

Les observateurs avaient évoqué la mobilisation de la clause du « Material Adverse Effect » (MAE), présente dans tous les contrats d’acquisition (y compris Tiffany) qui permet à l’acquéreur de se retirer si les conditions d’exercice de l’activité ont été durablement modifiées. La Cour du Delaware avait donné raison à l’acquéreur en 2018 (Akron contre Fresenius), car les résultats de la cible s’étaient effondrés après la signature du contrat. En ce qui concerne Tiffany, la question pouvait éventuellement se poser en raison de la crise sanitaire.

 

Pas de procès, donc, et un accord qui permet à LVMH d’économiser 430 millions de dollars.

 

Cependant, si vous reprenez le processus d’évaluation contenu dans le film pédagogique de juin, vous constaterez que $131.5 reste un prix élevé.

 

J’avais pris les comptes de Tiffany correspondant à l’exercice 2019 et utilisé les métriques financières utilisées par LVMH afin d’évaluer ses actifs immatériels dans le secteur de la joaillerie (source : rapport annuel). Par optimisme, j’avais même augmenté le ratio d’EBITDA sur ventes à 25% (un peu plus de 22% en 2019) en prenant pour hypothèse la mise en œuvre de synergies.

 

Un calcul de flux actualisés conduisait à une valeur comprise entre $90 et $120 par action… Il reste, donc, à LVMH la tâche de mettre en œuvre l’intégration de cette marque historique et d’en faire un vraie « Maison » au sens de la société, au même titre de Dior ou Givenchy, tout en créant de la valeur pour ses actionnaires !