Innovation …

Le gouvernement du Salvador vient de prendre une décision structurante en donnant au bitcoin le statut de monnaie légale et officielle.

Par Dominique Jacquet

 

Le gouvernement du Salvador vient de prendre une décision structurante en donnant au bitcoin le statut de monnaie légale et officielle.

 

Le Wall Street Journal évoque une tentative gouvernementale d’éviction du dollar et le retour au laxisme monétaire. The Economist questionne la réalité du sentiment démocratique chez le Président. Dans la foulée, le bitcoin perd 10% entrainant dans sa chute les valeurs qui lui sont liées, dont Coinbase. Comme quoi, en matière de crypto-devises, il vaut mieux faire parler Elon Musk !

 

Un autre aspect attire mon attention. Le bitcoin est une innovation financière qui génère, en tant que telle, une fascination certaine. Cela me rappelle les débuts du marché à terme parisien, le MATIF, équivalent français du LIFFE. J’étais alors trésorier de la filiale française d’une société américaine qui vendait des équipements et proposait à ses clients un financement par le biais de crédit-bail ou de location financière à moyen terme. Gérer le risque de taux consistait à ajuster les maturités de l’actif et du passif à l’aide, entre autres, d’un instrument très efficace et adapté, le swap de taux d’intérêt, sur des maturités allant de 2 à 5 ans. Le MATIF étant nouveau, donc à la mode, de nombreux opérateurs, face à ce même type de risque, étaient très actifs sur ce marché et le faisaient savoir, montrant ainsi leur modernité. Or, le MATIF concerne le monde obligataire avec des maturités comprises entre 7 et 10 ans. Financer des actifs à moyen terme avec un passif dont la duration est supérieure à 7 ans revient à prendre un risque très significatif de pente de la courbe des taux. C’est bien ce qui est arrivé à certaines firmes dans leur activité de financement des ventes.

 

Ces quelques lignes ne constituent pas un rejet de la modernité, simplement une invitation à garder la tête froide en analysant les problèmes, à placer l’efficacité de la solution devant toute autre considération et à « faire simple » dans la construction d’une solution.

 

En attendant, le taux de la dette souveraine du Salvador a augmenté avec le risque perçu par les investisseurs…