Illusion …

Réflexion sur une méthode...

Par Dominique Jacquet

 

 

 

Une fois n’est pas coutume, ce blogue ne va pas se consacrer à un événement ou une opération, mais à une méthode.

 

Le film du mois est consacré à Afterpay et son acquisition par Square. La première est un succès remarquable dans le domaine du paiement fractionné (Buy Now, Pay Later) qui a pour cible le marché des « Gen-Z » et autres millennials qui repoussent avec conviction le système de la carte de crédit et choisissent un paiement différé qui lui ressemble un peu…

 

Lorsque vient le succès (Afterpay, mais aussi Klarna et bientôt PayPal et autres), apparaissent aussi les critiques à l’encontre de ce service qui promeut le surendettement et crée une addiction à la consommation spontanée, mais aussi le risque de disparition de ce marché par encombrement et surexploitation. Comment maintenir une création de valeur durable face à un risque majeur d’épuisement d’un marché aux contours définis ?

 

La théorie financière n’apporte aucune solution crédible. En effet, les méthodes qui en sont issues se focalisent sur l’utilité des investisseurs et ces derniers considéreront toujours qu’il faut pêcher le poisson aujourd’hui car il aura probablement disparu demain.

 

La théorie économique va suggérer une méthode qui combine l ‘approche socioéconomique, la probable interaction des parties prenantes (théorie des jeux) et la théorie des organisations et des institutions pour, en définitive, proposer une gouvernance partagée et dessinée par les acteurs eux-mêmes. Pour le reste, regardez le film !

 

Au niveau de la méthode, on observe que l’économie est un support indispensable à la finance.

 

En élargissant la perspective, qui d’entre nous n’a jamais assisté à un processus d’évaluation d’investissement ou, pire, d’acquisition dans lequel Excel était au centre des attentions et les chiffres introduits dans cette prodigieuse calculette permettaient, une fois l’assistance un peu chauffée, de justifier tout prix et toute décision ?

 

Dans mes cours consacrés à l’évaluation des firmes, j’ai toujours expliqué à mes étudiants que cette dynamique s’appelait « créer de la valeur sur Excel » et qu’elle conduisait à des lendemains difficiles.

 

La validation des paramètres financiers conduisant à des décisions d’investissement doit mobiliser l’approche économique.

 

Avant d’entrer dans le mode académique, j’ai exercé un métier sérieux, financier d’entreprise : contrôleur Capex, trésorier et enfin CFO d’une société dont l’objet était le développement de projets immobiliers pour les entreprises. Le PDG de la firme disait toujours : « il ne faut jamais oublier que le TRI d’un projet, cela s’appelle un locataire ». Valider une décision financière consiste alors à s’assurer que le locataire potentiel existe, qu’il a une motivation réelle à venir habiter dans votre immeuble et qu’il a les moyens de payer, en un mot assurer le construit économique du projet.

 

On peut toujours rêver sur Excel, cela permet de construire des illusions de valeur, à court terme, et des crises dramatiques à moyen terme.

 

Je vous suggère de mobiliser l’économique en amont du financier.