Luxe et football
La famille Arnault et le ballon rond...
Par Dominique Jacquet
La famille Arnault va très probablement prendre le contrôle du club de football parisien Paris FC (« FC » pour « Football Club »), à ne pas confondre avec le PSG (…) dont il va devenir le challenger dans la capitale.
On comprend bien que la société LVMH ne soit pas mobilisée pour l’acquisition, le positionnement de la marque risquant d’introduire une certaine confusion. Certes, LVMH est mobilisé, mais financièrement et indirectement. La famille Arnault qui possède plus de 48% des actions de LVMH va recevoir, au titre des résultats de 2023, un dividende supérieur à 3 milliards d’Euros. Déduction faite des impôts et dépenses courantes, il reste suffisamment de fonds pour réaliser un investissement évalué entre 60 et 100 millions d’Euros suivant les résultats sportifs du club (concrètement, monter ou non en première division).
Par contre, le fonds L Catterton, possédé à hauteur de 60% par la famille, aurait pu servir de véhicule d’investissement. Centré sur luxe, mode et consommation, le fonds est absent du monde sportif dont l’équation économique est assez éloignée. Certains évoquent des synergies potentielles, mais on voit mal les joueurs du Paris FC chaussés de Birkenstock, au moins sur le stade…
Il est intéressant d’observer la stratégie de communication de la famille Arnault qui dirige un groupe mondial, mais souhaite montrer son implication française. L’annonce immédiate du soutien significatif à la rénovation de la Cathédrale Notre-Dame en a été une expression notable. Récemment, l’implication du groupe LVMH dans le sponsoring des Jeux de Paris (apport financier, présence très visible dans la cérémonie d’ouverture, fabrication des médailles, etc.) a été très remarquée. Pour les amateurs de football, la présence d’un second grand club dans la capitale fait rêver : on pense aux duels Manchester City vs. United ! L’image de la famille ne pourra que bénéficier de la montée en puissance du Paris FC.
D’un point de vue un peu plus financier, il est bon de souligner que les grands clubs européens sont évalués entre 4 et 6 milliards d’Euros, ce qui peut à la fois constituer une cible économique pour le club et un beau multiple pour son investisseur. La popularité mondiale de ce sport fait de ce projet un axe très prometteur, permettant d’atteindre des supporters prêts à payer fort cher pour admirer les héros du ballon rond ou, au minimum, appartenir à une communauté. Belle cible de consommateurs potentiels, masculins et féminins, accès aux médias, fierté nationale, etc. beaucoup d’ingrédients qui militent en faveur de la prise de contrôle du Paris FC.
Et puis, un jour, on verra peut-être la boutique des supporters japonais du Paris FC dans Ginza Six, l’immeuble de 47.000m2 possédé par L Catterton dans le quartier du luxe de Tokyo, son équivalent des Champs-Elysées. Voilà une synergie !